En France, depuis 1976, près de 200 000 IVG sont dénombrées chaque année. En moyenne, une femme sur trois est susceptible de connaitre l'expérience abortive au cours de sa vie. L'IVG fait donc partie intégrante de l'expérience reproductive des femmes mais aussi de celle des hommes qui, par leurs comportements sexuels et contraceptifs, participent à l'avènement d'une grossesse non prévue. Pour autant, peu de données témoignent des comportements masculins en situation. Ce mémoire a pour objectif d'analyser les places des hommes dans les processus d'avortement selon une approche synchronique d'une part, et diachronique d'autre part. L'analyse se porte en premier lieu sur les places que prennent les hommes – qu'elles soient voulues, imposées ou empêchées – dans les prises en charge de l'avortement. Dans un second temps, l'approche diachronique s'intéresse à la place que prend l'avortement (ou les avortements) dans les parcours des hommes à l'aune de leurs différentes étapes de vie, de leurs âges ou des relations qu'ils entretiennent avec les femmes concernées. À ce titre, nous questionnons comment l'IVG peut être un levier permettant de modifier les comportements des hommes en santé sexuelle et reproductive, particulièrement au regard de leurs pratiques contraceptives.
Ce mémoire s'appuie sur 13 entretiens semi-directifs menés avec des hommes ayant connu, au cours de leurs vies, au moins une fois l'expérience de l'IVG. Par ailleurs, une attention particulière est portée aux manières dont les hommes sont perçus et classifiés par l'institution médicale afin d'ordonner la norme procréative. Une série d'observations a donc été effectuée en service d'orthogénie d'une structure médicale publique.
De la sorte, ce travail permet de s'intéresser aux lectures masculines de la norme procréative et à l'articulation entre masculinités et santé sexuelle reproductive. Il permet de comprendre comment l'avortement est imbriqué dans une série d'apprentissages genrés, avec lesquels les hommes composent, pour justifier le recours à l'IVG et répondre aux « besoins » de leur partenaire. Par ailleurs nous observons comment la grossesse non prévue illustre des comportements masculins en sexualité et en contraception. L'IVG visibilise ainsi certains fondements de la sexualité hétérosexuelle, naturalisant les pratiques pénétratives et le travail contraceptif du côté des femmes. Enfin, si certains hommes se saisissent de l'expérience abortive pour modifier leurs pratiques contraceptives, voire, sexuelles, cela ne semble pas systématique. Il s'agit d'interroger précisément dans quelles mesure l'IVG est susceptible d'infléchir ces pratiques. Si l'avortement peut être un levier pour modifier leur pratiques contraceptives, il ne semble l'être qu'au regard de certaines conditions. L'IVG en elle-même n'a pas toujours une influence directe. C'est plutôt sa répétition dans les parcours biographiques ou les modalités dans lesquelles elle se déroule qui permettent aux hommes d'amorcer une réflexion sur la contraception. En définitive, il s'agit d'aborder comment les hommes articulent cette expérience au sein de leurs parcours de vie et comment, sa visibilisation et ses impacts font corps avec les définitions qu'ils donnent à leur masculinité.
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En France, depuis 1976, près de 200 000 IVG sont dénombrées chaque année. En moyenne, une femme sur trois est susceptible de connaitre l'expérience abortive au cours de sa vie. L'IVG fait donc partie intégrante de l'expérience reproductive des femmes mais aussi de celle des hommes qui, par leurs comportements sexuels et contraceptifs, participent à l'avènement d'une grossesse non prévue. Pour autant, peu de données témoignent des comportements ...
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