Le titre "Histoire des femmes en Occident" est commode, et beau. Mais il faut récuser l'idée que les femmes seraient en elles-mêmes un objet d'histoire. C'est leur place, leur " condition ", leurs rôles et leurs pouvoirs, leurs formes d'action, leur silence et leur parole que nous entendons scruter, la diversité de leurs représentations - Déesse, Madone, Sorcière... - que nous voulons saisir dans leur permanence et leurs changements. Histoire résolument relationnelle qui interroge la société tout entière et qui est, tout autant, histoire des hommes. De quelque côté que l'on se tourne, elle est présente, infiniment présente du XVIe au XVIIIe siècle, sur l'ensemble des scènes domestique, économique, intellectuelle, publique, conflictuelle, et même ludique de la société, la femme est là. D'elle, on parle beaucoup, à perte de vue, afin de mettre l'univers en ordre : mais ici gît le paradoxe. Car ce discours pléthorique et ressassé sur la femme et sa nature est un discours traversé par le besoin de la contenir. On le pressent dès maintenant : le discours ne rend pas compte de la réalité de son existence ; aveugle, il ne la voit qu'à travers une image, celle de la femme risquant d'être dangereuse par ses excès, elle qui est si nécessaire par son essentielle fonction de mère. Le discours ne la montre pas, il l'invente, la définit à travers un regard savant qui ne peut que la soustraire à elle-même.
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Le titre "Histoire des femmes en Occident" est commode, et beau. Mais il faut récuser l'idée que les femmes seraient en elles-mêmes un objet d'histoire. C'est leur place, leur " condition ", leurs rôles et leurs pouvoirs, leurs formes d'action, leur silence et leur parole que nous entendons scruter, la diversité de leurs représentations - Déesse, Madone, Sorcière... - que nous voulons saisir dans leur permanence et leurs changements. Histoire ...
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